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LES ARTISANS EN FRANCE

Afin de mieux cerner la définition de ce qu’est un artisan, il faut d’abord en revenir à leur histoire et à la manière dont ont évolué les métiers de l’artisanat au fil des siècles. La Chambre des métiers de l’artisanat est connue pour défendre et pour promouvoir les intérêts du corps artisanal, mais cet établissement public n’a pas encore été créé au 18e siècle. Michaël Mahiddini explique que sous l’ancien Régime, les métiers de l’artisanat étaient raccordés à la religion. Les menuisiers adoptèrent Sainte-Anne comme patronne tandis que les cordonniers avaient choisi Saint-crépin comme patron. Les artisans pendant l’Ancien Régime Sous le règne de Louis IX, ces groupements sont devenus plus nombreux et se sont transformés en des associations professionnelles portant le nom de « Pelletiers » ou de « Bouchers de la Grande Boucherie. » Michaël Mahiddini nous raconte que les artisans devaient alors s’inscrire à une association professionnelle et se soumettre à une réglementation stricte des conditions de travail. Les associations éliminaient tout type de concurrence et ont engendré par la suite les corporations et les corps de métiers. Apparue au 13e siècle, la corporation du bâtiment, composée de maçons et de charpentiers, compte notamment parmi l’un des premiers dans le genre. Si les groupements sont devenus des associations professionnelles aux règlementations strictes sous le régime de Louis XI, Henri III a pour sa part, instauré un régime fiscal auquel est soumise la corporation. C’est aussi à cette pé- riode que les associations sont devenues une institution publique puissante, mais doivent encore rendre des comptes au Roi. Les artisans au 18e siècle et 19e siècle En 1776, l’économiste français, Turgot, décide de dissoudre les corporations. Ainsi, les corporations, jugées incompatibles avec les évolutions économiques, techniques et idéologiques du Siècle des Lumières ont été dissoutes le 4 août 1789.

Par ailleurs, les artisans souhaitaient retrouver leur indépendance, ne plus dépendre de la monarchie et travailler sans avoir à rendre des comptes à une quelconque corporation. Michaël Mahiddini explique que le décret d’Allarde de 1791 et la loi Le Chapelier du 14 juin 1791 ont assené le coup de grâce aux corporations, car ils interdisaient toute forme d’association visant à protéger les intérêts des artisans. Michaël Mahiddini poursuit : malgré les interdictions et les textes de loi apparus à l’époque, des organisations substistent. Certaines organisations demandaient alors que soient resituées les corporations, mais à cette époque, les groupements n’étaient plus ce qu’ils étaient à leur création. Le corps artisanal fut alors affaibli par l’évolution industrielle et le manuel était remplacé par la mécanique.

De nombreux métiers disparaissent alors en France et dans le reste de l’Europe (les dentellières à la main, le forgeron, les fileuses, etc.).

 

Les artisans deviennent des ouvriers et ces changements ont engendré la naissance du syndicalisme ouvrier et du monde prolétaire. Les artisans du 20e siècle à nos jours Michaël Mahiddini raconte que la loi de 1884 sur le syndicalisme a été instaurée après que le mouvement ouvrier ait pris de l’ampleur. Les premiers syndicats locaux et nationaux d’artisans naissent alors à la fin du 19e et au début du 20e siècle (les coiffeurs, les bouchers, les boulangers, etc.). La Chambre de commerce et d’Industrie a été en 1914 et ce n’est qu’après la fin de la Première Guerre mondiale que la Chambre des métiers voit le jour. À l’époque, les artisans devaient reverser une redevance pour être inscrits à la chambre de commerce et leurs intérêts étaient défendus au même titre que ceux des ouvriers.

Les artisans dépendent aujourd’hui de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat de leur département. À noter que l’adhésion à la Chambre des métiers de l’artisanat va de pair avec une inscription au répertoire des métiers.